[1427] • JUAN PABLO II (1978-2005) • REVALORIZACIÓN DEL PAPEL SOCIAL DE LA FAMILIA
Del Discurso L’Encyclique, a los participantes en el “Forum” Internacional de la Democracia Cristiana, 23 noviembre 1991
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[...] 3. He querido celebrar el centenario de la Encícilica Rerum novarum, actualizando las enseñanzas de mi gran predecesor, León XIII, mediante la Encíclica Centesimus annus. En ella he reafirmado los principios de la doctrina social cristiana, proponiéndolos como orientaciones para la acción, visto que el hombre se encuentra en una especie de encrucijada, en la que junto a sus grandes esperanzas existen temores grandes y justificados.
El Estado social, a pesar de los méritos que ha ganado ofreciendo respuestas solidarias a las necesidades humanas fundamentales, está en crisis por doquier, y cada vez se ejercen mayores presiones para desmantelarlo. Se tiene la impresión de que, entre los motivos de la crisis, existe una cierta incapacidad para distinguir entre las necesidades sociales auténticas y las necesidades sociales falsas, y también opciones de política social que quitan toda responsabilidad a la familia y a las demás “sociedades intermedias”, en lugar de colocarlas en el centro de la vida social, como debería ser en virtud del principio de subsidiariedad. Precisamente la valorización de la función social de la familia y de las demás sociedades intermedias puede ofrecer criterios sanos para una reforma del Estado social sin comprometer sus beneficios y paralelamente ayudar a superar la alienación actual, preparando ambientes de vida más humanos, pues en el seno de la familia y en las diferentes comunidades en las que se organiza la sociedad, se encuentran de verdad razones para vivir la experiencia del amor interpersonal auténtico.
La Iglesia ha reconocido siempre en el hombre el sujeto principal del orden económico. De sus iniciativas y de su creatividad depende el bienestar de las naciones; y la libertad en el campo económico es una condición necesaria para la libertad de la sociedad en general. Sin embargo, la libertad humana no se reduce a la mera libertad económica. Existen necesidades humanas fundamentales que el mercado no puede satisfacer y, por tanto, hay que satisfacerlas en nombre de la solidaridad humana, porque constituyen un derecho fundamental. Pensamos aquí en las necesidades de los ancianos, los niños y las mujeres, o de todos los que dependen de los demás, de modo provisional o definitivo. Si el mercado es un elemento fundamental en la sociedad humana libre, la solidaridad también lo es. Hay, además, bienes humanos que no pueden y no deben ser objeto de ningún tipo de transacción económica, ya que se relacionan directamente con la dignidad misma de la persona humana: se trata de los bienes espirituales, cuya privación despoja al hombre de la libertad de ser él mismo. La sociedad humana no puede reducirse únicamente al dominio de la producción y al intercambio de bienes económicos. El verdadero alcance de la vida social no es de orden económico, sino de orden ético.
[E 52 (1992), 525-526]
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3. À l’occasion du centenaire de l’encyclique “Rerum Novarum”, par l’encyclique “Centesimus Annus” j’ai voulu célébrer cet anniversaire et réactualiser les enseignements de mon grand prédécesseur Léon XIII. J’y ai réaffirmé les principes de la doctrine sociale chrétienne en les proposant comme des orientations pour l’action, tandis que l’homme est à un carrefour où ses grandes espérances se trouvent face à des craintes graves et justifiées.
L’État social, malgré les mérites qu’il s’est acquis en offrant les réponses de la solidarité aux besoins humains fondamentaux, est en crise partout, et des pressions croissantes s’exercent pour le démanteler. Il semble que, parmi les motifs de la crise, il y ait l’incapacité de distinguer entre les besoins sociaux authentiques et des besoins sociaux fallacieux, et aussi des choix de politique sociale qui déresponsabilisent la famille et les autres “sociétés intermédiaires”, au lieu de les placer au centre de la vie sociale, comme il serait juste en vertu du principe de subsidiarité. C’est précisément la valorisation du rôle social de la famille et des autres sociétés intermédiaires qui peut présenter des critères sains pour une réforme de l’État social sans en compromettre les bienfaits et, en même temps, aider à surmonter l’aliénation contemporaine en aménageant des milieux de vie plus humains. Car on trouve vraiment ses raisons de vivre dans l’expérience de l’amour interpersonnel authentique dans la famille puis dans les différentes communautés entre lesquelles s’organise la société.
L’Église a toujours reconnu en l’homme le sujet premier de l’ordre économique. C’est de ses initiatives et de sa créativité que dépendent le bien-être des nations; et la liberté dans le domaine économique est une condition nécessaire de la liberté de la société en général. Cependant, toute la liberté humaine ne se ramène pas à la liberté économique. Il y a des besoins humains fondamentaux que le marché ne peut pas honorer, et pourtant, au nom de la solidarité humaine, ils doivent être satisfaits car ils constituent un droit fondamental. On pense ici aux besoins des personnes âgées, des enfants, des femmes, ou de tous ceux qui ne peuvent se suffire à eux-mêmes provisoirement ou définitivement. Si le marché est un élément de base dans une société humaine et libre, la solidarité en est un autre. Il y a en outre des biens humains qui ne peuvent et ne doivent être l’objet d’aucune transaction économique, parce qu’ils touchent à la dignité même de la personne humaine: il s’agit des biens spirituels dont la privation dépouille l’homme de la liberté d’être lui-même. La société humaine ne peut être réduite au seul domaine de la production et des échanges de biens économiques. La véritable portée de la vie sociale n’est pas d’ordre économique mais d’ordre éthique.
[Insegnamenti GP II, 14/2, 1240-1241]